Jasmin Zihlmann, fraîchement diplômée de la ZHAW, a passé un semestre d’échange à Paris. Dans l’extrait de blog suivant, elle nous parle du moment où elle a vraiment commencé à se sentir «parisienne».
Aujourd’hui, je sors vers neuf heures de mon appartement dans le 15ème arrondissement de Paris. De loin, l’odeur du pain frais de la boulangerie du coin me met l’eau à la bouche. J’entre et je m’achète une baguette au sarrasin, ma préférée. En sortant, mon regard croise celui d’un SDF, installé depuis peu devant le magasin, qui me demande l’aumône. A Paris, on est confronté à la pauvreté chaque jour, mais, avec le temps, on ne la remarque même plus, on l’ignore ; apparemment, on ne peut rien y faire.
Je tourne au coin de la rue et devant moi, entre les bâtiments qui bordent la rue Saint Charles, j’aperçois, dans le brouillard matinal, l’emblème de la ville: la tour Eiffel. Chaque fois que je la vois, je suis émerveillée. Même les Parisiens m’ont dit que cette construction ne cessait de les fasciner et les rendait fiers de pouvoir travailler et vivre dans la capitale.
Je descends les escaliers du métro Charles Michel, un air étouffant m’assaille, je monte dans le train. A cette heure-là, tout le monde part travailler. Je suis coincée entre un groupe de Japonais, tous munis d’un appareil photo, et des hommes d’affaires en costume.
Au prochain arrêt, deux hommes, l’un tenant un violon, l’autre un accordéon et un haut-parleur, montent dans notre wagon. Ils commencent à jouer un morceau peu connu et pas très mélodieux. Certains leur jettent des regards énervés et augmentent le volume de leur iPod, d’autres sortent leur portable pour prendre une photo. Puis, à la surprise de tout le monde, ils se mettent à jouer des chansons super connues. A mon grand étonnement, les gens tout d’un coup se lèvent, dansent, rient. Pendant un moment, j’ai le sentiment qu’ils ont oublié qu’ils se rendaient au travail, qu’ils avaient des factures à payer d’ici la fin du mois, qu’ils ne savaient peut-être pas où ils dormiraient cette nuit et qu’ils n’avaient pas mangé depuis deux jours. Cette expérience singulière m’a permis de me sentir comme une vraie Parisienne ou comme un SDF qui tente de survivre dans la capitale, souvent chère pour les personnes dans le besoin. Avant de descendre, je jette une pièce de deux euros dans le gobelet prévu à cet effet. C’est la première et la dernière fois que j’ai donné l’aumône à un mendiant.
La porte de Clignancourt, située dans le 18ème arrondissement, est aussi connue comme le quartier africain. A la sortie du métro, il y a un stand où on vend du maïs, des cacahuètes, des marrons, tout juste sortis d’un bec Bunsen installé dans un chariot. Avant d’entrer dans le centre universitaire, on est obligé de montrer sa carte d’étudiante, d’ouvrir son manteau, et le personnel de sécurité fouille tous les sacs. Avec le temps, cela est devenu une routine, mais cette procédure me rappelle toujours les attentats qui ont eu lieu le 13 novembre.
Je monte les escaliers, j’entre dans la salle 213 et je m’assois à côté de Lorie, mon amie française et lui fais deux bisous. « Écoute, tu ne croiras pas ce qui vient de se passer dans le métro. Il y avait deux musiciens…»
Le post de Jasmin Zihlmann compte parmi les six textes d’étudiants sur leur semestre à l’étranger primés lors de la journée internationale du Département de linguistique appliquée. Jasmin a obtenu son diplôme de Bachelor en Langues appliquées en été 2016. Découvrez ici de plus amples informations sur le semestre à l’étranger.